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Sam Ben Company

Auteur

Sam ben company

Date

01 Octobre 2025

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Réseaux secs : l’infrastructure invisible qui façonne nos villes

Câbles électriques, fibre optique, éclairage public, bornes de recharge pour véhicules électriques : les réseaux secs constituent la charpente invisible de nos villes. Indispensables mais souvent méconnus, ils conditionnent la modernisation urbaine et la compétitivité économique des territoires.

Alors que la France s’engage dans une double transition énergétique et numérique, ces infrastructures deviennent stratégiques. Derrière chaque connexion et chaque borne, il y a le travail discret mais vital des entreprises spécialisées dans le réseau sec.

Un socle indispensable à l’aménagement

Dans les travaux publics, on distingue traditionnellement les réseaux humides (eau potable, assainissement) et les réseaux secs, qui regroupent l’électricité, le gaz, les télécommunications, la fibre optique et l’éclairage public. Leur importance est telle qu’aucun projet immobilier ou d’aménagement urbain ne peut voir le jour sans leur présence.

En 2023, plus de 31 millions de foyers français étaient éligibles à la fibre optique selon l’ARCEP, soit près de 80 % du parc résidentiel. Sans le travail en tranchées et en raccordements des entreprises de réseaux secs, ces chiffres seraient impossibles. De la maison individuelle au quartier entier, de la zone artisanale au campus universitaire, c’est la première infrastructure à être posée pour rendre un espace « vivable » et connecté.

On pourrait comparer les réseaux secs au système nerveux d’un organisme : invisibles à l’œil nu, mais essentiels à son fonctionnement.

Un marché sous tension… mais porté par la demande

Le secteur des réseaux secs subit les mêmes pressions que le reste du BTP : l’inflation des matériaux et des équipements. Le prix du cuivre, incontournable pour les câbles électriques et télécoms, a bondi de 42 % en deux ans. L’aluminium, utilisé dans les lignes aériennes et les transformateurs, a suivi la même tendance. À cela s’ajoutent les délais de livraison de composants électroniques pour les armoires de raccordement, aggravés par les tensions mondiales.

Ces hausses fragilisent les marges des entreprises, mais elles ne suffisent pas à ralentir la demande. Au contraire : la transition énergétique et numérique alimente un volume inédit de chantiers. Selon la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP), les réseaux secs représentent désormais près d’un quart des investissements en VRD. Et cette part est appelée à croître, portée par deux locomotives : l’électrification et la digitalisation.

IRVE : l’essor des bornes de recharge, un défi colossal

La France compte aujourd’hui environ 120 000 bornes de recharge publiques pour véhicules électriques. L’objectif fixé par l’ADEME et le gouvernement est d’atteindre 400 000 bornes d’ici 2030. Un chantier titanesque, qui repose directement sur les spécialistes du réseau sec.

Installer une borne IRVE, ce n’est pas seulement poser un boîtier sur un parking. C’est ouvrir le sol, raccorder en sécurité au réseau électrique, assurer la puissance disponible, installer les protections, puis connecter l’ensemble au système de supervision numérique. Dans un parking de supermarché, sur une aire d’autoroute ou dans un lotissement, ces infrastructures doivent répondre à des normes strictes de sécurité et de compatibilité.

Les collectivités et les entreprises rivalisent pour s’équiper. En 2023, plus de 35 % des appels d’offres publics en réseau sec concernaient directement ou indirectement la pose d’IRVE, preuve que cette filière est devenue un chantier prioritaire. Pour les territoires, disposer d’un maillage dense de bornes devient un argument d’attractivité. Pour les entreprises, c’est une source de croissance et d’innovation.

La transition numérique : l’autre grande révolution

La fibre optique a déjà transformé la donne : en 10 ans, la France est passée de 10 % à près de 80 % de foyers raccordés. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Il reste à fibrer les zones rurales, à densifier les réseaux urbains, et à préparer l’arrivée de la 5G puis de la 6G.

Chaque antenne mobile doit être reliée par des câbles performants, chaque quartier nécessite des tranchées et des raccordements. Derrière le confort du télétravail, la fluidité du streaming ou la puissance de l’industrie 4.0, on retrouve encore les réseaux secs.

Selon l’INSEE, les interruptions de connexion et les infrastructures numériques insuffisantes coûtent 1 500 € de productivité par salarié et par an aux entreprises françaises. Un chiffre qui illustre à quel point ces réseaux ne sont plus une option technique, mais un facteur de compétitivité économique.

Les collectivités locales en première ligne

Pour les élus, le réseau sec est devenu une arme politique et stratégique. Une zone d’activité sans fibre et sans électricité haute capacité ne trouve pas preneur. Un centre-ville mal éclairé ou mal couvert en télécoms décourage investisseurs et habitants. À l’inverse, annoncer un plan de modernisation de l’éclairage public ou l’installation de bornes IRVE, c’est envoyer un signal fort d’attractivité et de modernité.

Les collectivités investissent donc massivement. Selon la FNTP, les budgets locaux consacrés aux réseaux secs ont progressé de 12 % en 2023, malgré la pression financière sur les communes. Le signal est clair : impossible d’envisager le développement économique et social d’un territoire sans infrastructures modernes et fiables.

Un secteur en mutation rapide

Cette croissance s’accompagne de défis. Les métiers des réseaux secs deviennent plus techniques : cartographie numérique, intégration de capteurs intelligents, gestion connectée de l’énergie. Les ouvriers doivent désormais manier aussi bien la pelle mécanique que les logiciels de géolocalisation.

La pénurie de main-d’œuvre complique encore la donne : la FNTP estime à 10 000 postes non pourvus chaque année les besoins du secteur. Pour répondre à la demande, les entreprises doivent investir massivement dans la formation et dans l’attractivité des métiers.

Les contraintes réglementaires, elles aussi, se renforcent : normes de sécurité, obligations environnementales, respect des trames urbaines. Chaque chantier de réseaux secs doit désormais répondre à un cahier des charges toujours plus exigeant, qui demande rigueur et expertise.

Conclusion

Électricité, télécoms, fibre, IRVE : les réseaux secs sont la clé de voûte de la modernisation des villes et des territoires. Ils conditionnent la réussite de la transition énergétique, en permettant le déploiement massif des bornes de recharge. Ils sont le moteur de la révolution numérique, en assurant la connectivité haut débit. Ils façonnent l’attractivité des territoires, en rendant les villes plus modernes, plus sûres et plus durables.

Longtemps invisibles, ils apparaissent aujourd’hui dans toute leur importance stratégique. Dans les tranchées que l’on croise au détour d’un trottoir se joue en réalité une partie essentielle de notre avenir collectif.

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